« Temps Z » - visite de l'exposition des lauréats de Mennour Emergence avec Christian Alandete, commissaire @Mennour

PRÉSENTATION

La génération Z est née quelques années avant l’an 2000 et ses promesses apocalyptiques de fin du monde, finalement reportée à un avenir proche ou lointain, qu’on la mesure à l’aune d’une génération ou à celle de l’humanité. La génération Z est-elle la dernière avant l’extinction de l’espèce ? Ou au contraire, pour les plus optimistes, celle qui parviendra à enrayer la machine et à réenchanter le monde ?
Cette première édition de Mennour Emergence réunit six artistes récemment diplomés de l’École des Beaux-Arts de Paris aux pratiques aussi diverses que singulières dont le principal point commun est d’appartenir à la même génération Z, nommée d’après la dernière lettre de l’alphabet latin. Un alphabet à partir duquel s’est longtemps écrit le récit hégémonique du monde avant que le regard ne se décentre et que l’on commence à revoir sa géographie depuis d’autres points de référence. Z, comme la lettre finale d’un récit qui se réinvente désormais au pluriel.

Peinture, sculpture, céramique, installation vidéo, performance, l’exposition « Temps Z » propose un aperçu des pratiques de ces six jeunes artistes au moment de faire leurs premiers pas en dehors de l’école, affirmant désormais leur place dans l’écosystème de l’art, avec ses espaces de liberté, ses règles et ses contraintes. Pour l’occasion, chaque artiste a été accompagné pour produire des œuvres nouvelles, présentées ici pour la première fois, prolongeant des œuvres réalisées pour leur diplôme ou s’engageant déjà dans de nouvelles directions.

En prise avec leur temps, les œuvres des uns et des autres abordent à la fois des questions écologiques, politiques, technologiques, esthétiques comme autant de manières d’appréhender l’époque en se tenant à la lisière d’un nouveau monde possible. Les peintures néo-symbolistes aux couleurs acidulées de Lucie Antoinette évoquent des paysages oniriques d’un paradis perdu à reconquérir ou à préserver. Sehyoung Lee met en tension des matelas de réception empruntés aux sports de « salles » en les insérant dans des carcans d’acier comme pour mieux figurer les violences infligées aux corps pour répondre aux injonctions de la masculinité. Nicolas Kyrillou évoque les frontières arbitraires que les conflits déplacent à partir de Chypre — où il a grandi — et dont il documente la mémoire des lieux abandonnés. Thibault Hiss propose des assemblages savamment orchestrés de matériaux de hautes technologies rapidement obsolètes qui virent à la fable contemporaine. Nina Jayasuriya revisite les icônes qui prolifèrent dans les temples du Sri Lanka en les croisant avec les vestiges de vieux systèmes électriques d’appartements parisiens, alors promesses de modernité. Joséphine Berthou, enfin, s’attaque aux pirates du net qui infiltrent nos boites mail pour mieux nous arnaquer.

Avec : Lucie Antoinette, Joséphine Berthou, Thibault Hiss, Nina Jayasuriya, Nicolas Kyrillou et Sehyoung Lee.

Curateur : Christian Alandete
Avec la complicité d'Alix de la Chapelle, de Megan Macnaughton, de Léo Rivaud Chevaillier et de Marilou Thirache.