Rencontre avec la sculpteure Catherine Wilkening dans son atelier-maison - Paris 19e
PRÉSENTATION
Un moment d'été avec l'artiste et comédienne Catherine Wilkening pour cette dernière visite parisienne de la saison.
Les Amis du Palais de Tokyo sont invités à découvrir avec elle son univers libre, créatif et poétique. Son lieu : à la fois maison, atelier et terrasse, à l'orée du quartier charmant de la Mouzaïa, dans le 19e.
Texte de Philippe Godin :
Si l’œuvre de Catherine Wilkening est circonscrite à la thématique d’une féminité aussi bien ouverte aux affres de la vulnérabilité qu’aux extases d’une fécondité créatrice sans cesse renaissante, elle semble excéder toute assignation à une quelconque influence esthétique, même si sa manière de mélanger réel et fantastique, érotisme et sacré, évoque parfois, l’esprit du collage surréaliste ou si la plasticité baroque de ses sculptures manifeste un certain expressionisme. En se concentrant, depuis plus d’une vingtaine d’années, sur la figure féminine, le travail de Catherine Wilkening devait rencontrer la représentation de la Madone. Loin de sacrifier à une déconstruction contemporaine de l’idéal classique de la vierge dans une version parodique au lyrisme kitsch, l’artiste propose une série de sculptures, témoin d’une fascination sacrée mêlant dans un geste bataillien les signes du religieux aux débordements de la chair.
Elle customise, par exemple, façon vaudou les archétypes chrétiens de la féminité, en les détournant de leur destination œcuménique, les recouvrant de porcelaine et de verre, ou les parant de feuilles d’or et de branches d’acacia.
Par son goût du remplissage, de l’accumulation, de la répétition, et des plissements infinis, les sculptures sont parfois travaillées des centaines d’heures, manifestant une ascèse à laquelle se contraint l’artiste. D’où la dimension mantrique et hallucinatoire de certaines pièces enfantées dans l’isolement, qui confère au travail de Catherine Wilkening la forme d’une expérience limite, d’une pure « Dépense » quasi sacrificielle, rapprochant son œuvre à la fois des logiques « aberrantes » de l’art brut et des préoccupations de Georges Bataille dans sa quête d’une « illumination profane ».
Photo : "Mortel Immortel" - plâtre, porcelaine, feuille d'or, racine de bois