Rencontre avec Deborah Fischer au Fonds de dotation Weiss - Paris 16e

PRÉSENTATION

Deborah Fischer développe un travail de sculpture, installation et performance dans l’espace public.

Depuis plusieurs années, l’artiste collecte des « presque rien », ces éléments qui ont perdu leur utilité mais qui gardent en eux une charge plastique et émotionnelle. À travers cette démarche, elle questionne l’environnement, la trace qu’on y laisse.
Telle une « alchimiste urbaine », Deborah Fischer force la rencontre entre les objets par un alliage de matières, un long processus d’assemblage et de composition.
Comment donner de la valeur à ce qui n’en a plus ? Comment faire état du temps qui passe ? En quoi l’érosion, la dégradation et l’usure ont une esthétique qui mérite d’être magnifiée ?
En constituant sa propre « Archéologie du présent », au plus proche des enjeux de notre société, l’artiste tente également de déceler l’esprit d’un lieu, réel ou virtuel, et de créer à partir de ce qu’il nous dit.
Dans le cadre de sa résidence au Fonds de dotation Weiss, Deborah Fischer approfondit les thèmes de la Réparation et du Soin. Si ces différentes interrogations rythmaient déjà la démarche de l’artiste et que le geste réparateur était au cœur même de sa pratique, Deborah Fischer pose ici un regard direct et sincère sur les concepts même de la Réparation. Celle-ci n’est-elle pas la résultante d’une peine ou d’une souffrance, d’une fragilité ?
En réconciliant ce qui semblait fêlé, cassé, brisé, perdu, Deborah Fischer dessine alors les premières lignes du « prendre soin ».Dans l’exposition, le travail se noue, se panse, se régénère. Les éléments s’entrelacent, se reprisent et s’unissent.
L’horizon de la transmission, à travers sa vitalité la plus ancestrale, apparaît alors comme la possibilité de pérenniser le monde et les choses, et d’incarner ce qui fait lien.

« La praxis de Deborah Fischer est virtuose. Les “presque-rien” collectés - ces rebuts qui jonchent les trottoirs, adossés aux façades des immeubles, excrétions de la ville et des âmes - et les transformations qu’ils subissent, radicales et subtiles demeurent, dans ses installations, à la fois réminiscence et possibilité d’ailleurs. Le geste, toujours délicat et chargé de sens, performatif et silencieux, sera le pivot de la résidence de Deborah, avec une réflexion sur la « réparation » : quand, comment et pour combien de temps le geste-réparateur doit-il avoir lieu ? Le pourquoi-réparer, quant à lui absent comme un absolu non-sens. Politique du geste, empathie inconditionnelle, symbolique de la blessure et du deuil, références à l’histoire de l’humanité et des civilisations, seront comme autant d’éléments à considérer pour une
résidence qui n’aura jamais semblé aussi actuelle et nécessaire ».

Commissariat de Louis Verret, directeur artistique du Fonds de dotation Weiss.

* Au cœur de Paris, dédiée aux artistes et ouverte aux visiteurs, la résidence du Fonds de dotation Weiss a pour ambition de faire grandir, rayonner et découvrir l’univers d’artistes prometteurs, français et internationaux. Ouverte sur le monde, capable de proposer une lecture des beaux arts sous un jour actuel, elle dresse un panorama passionné de la création contemporaine et invite à traverser le cadre pour explorer le travail de l’artiste au 21e siècle. Un espace rare, où se dessinent les contours des références de demain.