"Orbis Tertius" Vernissage VIP @ Allula - Exclusif Tokyo Art Club

14
octobre 2024
19:00
Visite hors les murs

5 rue Saint-Merri
75004 Paris

Exclusif Tokyo Art Club

17h-22h

PRÉSENTATION

Sur une invitation d’Arnaud Morand, commissaire et responsable de l’Art à l’Agence française pour le développement d’AlUla – AFALULA, les membres du Tokyo Art Club sont invités au vernissage d'Orbis Tertius, première exposition en France du programme de résidences artistiques d’AlUla.

 

Orbis Tertius est une exposition réunissant 20 artistes contemporains ayant participé aux programmes des résidences artistiques de la ville-oasis d’AlUla. Elle emprunte son titre aux écrits de Jorge Luis Borges et se déploie sur les fondements de la philosophie idéaliste totale chère à l’auteur. Elle s’articule autour de thèmes tels que la mise en récits du monde et l’inconsistante frontière entre fiction et réalité. 

Poursuivant leurs recherches dans cette région à l’histoire millénaire, marquée par les vestiges archéologiques de plusieurs civilisations préislamiques autant que par un urbanisme innovant et résolument tourné vers le futur, les artistes de l’exposition entreprennent de déplier le réel à travers leurs œuvres. Ils explorent divers champs des possibles, où les histoires ancestrales et celles de l’avenir se répondent, où des versions alternatives du passé jouxtent des futurs possibles, où mythes et légendes s’hybrident avec les savoirs scientifiques.

Avec la participation de :
Maitha Abdalla
Mohammad AlFaraj
Monira Al Qadiri
Daniah Al Saleh
Marlon de Azambuja
Grégory Chatonsky
Salomé Chatriot
Sara Favriau
Talin Hazbar
M'hammed Kilito
Sabine Mirlesse
Leo Orta
Louis-Cyprien Rials
Anhar Salem
Hugo Servanin
Sofiane Si Merabet
Aïcha Snoussi
Ittah Yoda
Ayman Zedani

 

***

 

La fable, la parabole, l’utopie, les légendes et les mythes sont autant de formes narratives exploitées par les artistes pour déplier le monde tangible, le réinventer, voire s’en abstraire. L’artiste insuffle à la fiction un caractère quasi ontologique : un simulacre créateur, qui requiert une recherche aussi attentive et rigoureuse que celle imposée traditionnellement par la vérité et la vraisemblance. Cet exercice de pensée alternative, par son détail et sa complexité, vise à élargir les limites du possible. Cela, sans jamais céder à l’indigence du réel une fois qu’éclate la fragile frontière entre fiction et réalité, entre mimèsis et poiêsis.

Emprunté à la première nouvelle du recueil Ficciones publié par l’écrivain argentin Jorge Luis Borges en 1940, les termes Orbis Tertius désignent, dans ce récit, une entreprise titanesque visant à documenter, d’une manière extraordinairement minutieuse, le monde fictif de Tlön. Cette compilation d’un univers imaginaire reflète par ailleurs la profonde admiration de Borges pour la littérature arabe dans toute sa diversité, de la plus savante à celle, plus informelle et orale que sont les Mille et Une Nuits et qu’il a grandement admirées. Il emprunte à cet univers la démultiplication des niveaux de narration et les récits gigognes enchâssés sur plusieurs niveaux.

Scellés par le goût du mystère, des sciences et des facéties littéraires, les auteurs d’Orbis Tertius construisent un tableau si rigoureusement cohérent de cette civilisation fabuleuse et de ce monde tiers, qu’il en devient troublant de vraisemblance. Dans cette mise en abyme vertigineuse, l’ordre du réel et celui de l’imaginaire se heurtent et entrent en friction. C’est à l’intérieur de ces mondes fictionnels, « parasités » par le monde référentiel, que nos artistes se tiennent en embuscade.

Les artistes réunis dans cette exposition ont en commun d’avoir séjourné et poursuivi leurs recherches dans la ville d’AlUla, en Arabie saoudite, dans le cadre des programmes de résidence qui y sont développés depuis 2021 par la Commission Royale pour AlUla (RCU) et l’Agence française pour le développement d’AlUla (AFALULA), un laboratoire qui a pour originalité d’associer les artistes à la mise en récit d’une destination. Dans le cadre exceptionnel de cette ville-oasis à l’histoire millénaire, se trouvent les vestiges archéologiques de plusieurs civilisations préislamiques qui cohabitent avec les influences à la fois tangibles et symboliques du monde arabe. Tout cela avec pour arrière-scène l’urbanisme innovant et résolument tourné vers le futur de cette cité en partie recouverte par la verdure de sa palmeraie, et ceinte par un paysage désertique et des falaises dont la géologie fascinante a été sculptée par l’activité volcanique, les mers et les vents.

Dans cette région qui arbore des histoires aux visages multiples, les artistes sont partis en quête de récits plus ténus qui contribuent, eux aussi, à façonner la société et ses individualités. Chacun, en suivant sa propre voie, est parvenu à un postulat commun à tous : l’anecdote, le poème, l’allégorie, l’inscription rupestre, le conte, la rumeur ou encore la plaisanterie ont sur l’esprit un pouvoir égal. Ils représentent eux-mêmes des fondements pour établir les géographies alternatives de cet environnement unique et plus largement du monde qui se présente à nous. Chacun à sa manière, ils explorent les champs des possibles, où les histoires ancestrales et celles de l’avenir se répondent, où des versions alternatives du passé jouxtent des futurs possibles, où mythes et légendes s’hybrident avec les savoirs scientifiques.

Une démarche, qui rappelle les fictions chères à Borges, jouant d’un savant mélange entre références littéraires authentiques et inventions chimériques, où personnages historiques et figures apocryphes se côtoient et s’influencent sur un pied d’égalité. Un plaidoyer tacite en faveur du pouvoir de l’idée, une ode à l’émerveillement et à la quête de savoir. Un univers où ce qui est raconté a valeur de vérité, où le mot revêt un pouvoir performatif et où la parole devient acte.

Ces vingt artistes ont recueilli des faits et des dires, ont consigné leurs observations dans des domaines variés (botanique, géologie, astronomie, artisanats, architecture, agriculture, occultisme, sociologie…), ont décousu le monde tangible pour le transmettre à leur tour sur un mode spéculatif, bousculant sur leur passage un rapport normatif et limitatif à la connaissance. Les œuvres explorent les parts de véracité et de fantasme qui entrent en compte pour réécrire une histoire dont des paragraphes manquent, pour raconter un lieu si unique qu’on le croirait hors du temps et du monde. Marquées par la survivance de traditions et de pratiques initiées par les ancêtres, certaines d’entre elles dessinent des relations avec des phénomènes invisibles, d’autres s’attachent aux matériaux tangibles que la nature produit, à leur pouvoir poétique intrinsèque et aux formes de vie dont ils témoignent. Elles racontent aussi le désir insatiable – et proprement humain – de connaître et de dominer le monde, tout en se risquant aux périls qui en constituent la contrepartie.

À l’instar des créateurs de Tlön, ces œuvres s’insinuent dans les failles de notre monde, y trouvant la substance nécessaire pour façonner un autre univers et le mettre en récit. Un monde où la réalité ne préexiste pas à la connaissance, mais en est une fonction. Une ontologie du possible, en réponse au caractère nécessairement lacunaire du réel.

 

Arnaud Morand, commissaire de l’exposition

Assisté de Marilou Thiebault et de Ali Al Ghazzawi

14
octobre 2024
19:00
Visite hors les murs

5 rue Saint-Merri
75004 Paris

Exclusif Tokyo Art Club

17h-22h