" C'était trop beau - Carte Blanche à Sophie Monjaret " - Vitry sur Seine

PRÉSENTATION

"Quel sujet pourrait être plus universel que celui de l’amour ? Chaque être est touché de manière singulière, à un moment donné de sa vie, par ce sentiment fou, vertigineux, inexplicable, qu’est l’amour. Nous avons tous.tes une représentation de ce qu’est l’amour, nous poursuivons tous.tes à un moment donné cette quête de l’idylle, abreuvé.e.s par les innombrables histoires dont nous sommes nourri.e.s et dont nous nous nourrissons. A la pulsion amoureuse se couple la pulsion narrative. Lieu de projection éternel, machine à fantasmes, l’amour aime avant tout se raconter - que l’on en juge par le succès des chansons populaires, des comédies romantiques, ou simplement par les conversations que nous avons entre ami.e.s, comme si nous n’avions jamais fini de nous poser cette question : c’est quoi l’amour ?

L’autrice Toni Morrison décrit l’amour romantique comme l’une “des idées les plus destructrices de l’histoire de la pensée humaine”, tandis que la sociologue Mona Chollet appelle, elle, à “réinventer l’amour”. Et pour cause, si aimer relève d'une éducation comme le rappelle bell hooks, ses conditions d’expression et d’existence sont directement liées à la société dans laquelle elles se manifestent. Les questions liées aux constructions / déconstructions des identités de genre n’ont jamais été autant débattues, ouvrent-elles de nouvelles manifestations de l’amour ? De même, l’utilisation généralisée des technologies via les réseaux sociaux, applis et autres outillages connectés introduisent-ils de nouvelles pratiques amoureuses ? Finalement, comment nos manières d’aimer reflètent notre époque ?
Dans un contexte plus global, le grand récit du contemporain portant d’une part sur le progrès et la robotisation en devenir de la société et d’autre part, sur le capitalisme mondialisé, nous amène aujourd’hui à nous demander ce qu’il nous reste de notre humanité.
En ce sens, « défendre l’idée d’un retour à l’amour », où l’on opposerait à la morosité angoissante de l’époque, l’amour comme résistance et comme programme politique, fait sens.

A l'aune de ces réflexions, cette exposition explore, à travers la création contemporaine, les nouveaux territoires amoureux. Comment les pratiques artistiques s’emparent de ces questions, posent de nouveaux regards sur le sentiment amoureux, dans ses rapport à l’intime, au quotidien, au corps, à l’engagement… Cette traversée du sentiment, nous proposons de la faire en trois temps : de la première rencontre au quotidien qui s'installe, jusqu'à la rupture et la reconstruction, schéma répétitif qui semble être inévitable et pourtant sans
cesse réinventé. "

Texte de Laurent Lacotte pour Sophie Monjaret & Sara Dufour