"Ceinture Nwar" et "La morsure des termites" - Visites avec Hugo Vitrani, commissaire

11
décembre 2023
18:30
Visite au Palais de Tokyo

PRÉSENTATION

Les Amis du Palais de Tokyo découvrent les deux expositions "Ceinture Nwar" de Rakajoo* et "La morsure des termites" lors d'une visite au Palais de Tokyo avec le commissaire Hugo Vitrani.

*Rakajoo est le lauréat du Prix des Amis du Palais de Tokyo 2021-2022

  • "CEINTURE NWAR" de Rakajoo  - commissaire Hugo Vitrani

Comme son surnom l’annonce en wolof, la peinture de Rakajoo est têtue. À la manière d’un trait-d’union qui surgit là où la grammaire ne l’attend pas, sa peinture allie et relie les dynamiques désolidarisées, puisant dans son expérience intime pour tracer un récit collectif. Ce trait-d’union qui pourrait qualifier la peinture de Rakajoo est celui qui disparait lorsqu’on évoque l’Afropéanité, mot-valise né d’une contraction d’Africain et Européen. Dans le prolongement des écrits des auteur·ices Johnny Pitts et Leonora Miano, la peinture de Rakajoo trouve ses racines dans cette âme afropéenne caractérisée par une dualité et un pluralisme : être à la fois Africain, Européen, mais être aussi les deux, ensemble, sans dissociation.
Par sa pratique d’une peinture augmentée, Rakajoo parasite les frontières et trouve sa lumière dans l’opacité, là où rien ne peut être synthétisé au premier regard. L’artiste convoque différents langages, de la peinture à la bande-dessinée en passant par l’animation, de l’acrylique à l’encre en passant par l’huile, le pixel. Il mêle les sujets, les souvenirs et les allégories comme on superpose des lavis, toujours teintés par les souvenirs de la Seine Saint-Denis, du quartier de la Goutte d’Or et du Sénégal. Rakajoo dépeint les liens visibles ou invisibilisés qui relient les individus à leurs territoires directs. Ou comment l’imaginaire, la conscience, les réflexes se façonnent et se fracturent dans des territoires précis. Autant de lieux qui évoluent eux-aussi au contact de ces individualités mouvantes et des processus de gentrification. Une peinture qui questionne les contours poreux de l’identité nationale, dans sa complexité, dans ses ancrages ou ses retranchements.

  • "LA MORSURE DES TERMITES" - commissaire Hugo Vitrani

Agissant par parasitage, par télescopage, par fantasme, par friction, par contre-sens ou par amitié, La morsure des termites tente une relecture spéculative de l’histoire de l’art envisagée sous le prisme du graffiti. Le graffiti non pas comme sujet ou esthétique, mais comme expérience, comme attitude, comme imaginaire, comme pensée souterraine. Une expérience de l’illégalité et des vitres brisées, de l’errance des corps en mouvement, une attirance pour les perspectives sans lumière, un romantisme du vandalisme qui prend autant soin des choses qu’il ne les abîme, une fascination pour les langages visibles ou invisibles qui se confrontent avec la matière précaire du réel, et qui se façonnent avec elle tout en la transformant.
En combinaison et rupture avec le projet Lasco, qui accueillait depuis 10 ans l’art urbain dans les espaces dérobés du Palais de Tokyo, l’exposition provoque un dialogue fragmenté, parfois cryptique, entre une cinquantaine d’artistes plus ou moins reconnu.es, voire pas du tout connu.es. Dans un essai publié en 1962, Manny Farber oppose les artistes termites aux artistes éléphants blancs. Les artistes termites s’expriment dans des pratiques plus difficiles à saisir et à manipuler.

11
décembre 2023
18:30
Visite au Palais de Tokyo
Palais de Tokyo

13 Avenue du Président Wilson

75116 Paris