Avant-première de la nouvelle saison - Tokyo Art Club et Amis bienfaiteurs
Exclusif membres du Tokyo Art Club et Amis bienfaiteurs
PRÉSENTATION
Les membres du Tokyo Art Club et les Amis Bienfaiteurs sont invités à découvrir la nouvelle saison du Palais de Tokyo, jeudi 15 juin de 13h à 14h, en avant-première.
C'est en promenade libre, il n'y pas de visite guidée.
Accueil dans le hall du Palais de Tokyo
LA MORSURE DES TERMITES
Commissaire Hugo Vitrani
Agissant par parasitage, par télescopage, par fantasme, par friction, par contre-sens ou par amitié, La morsure des termites tente une relecture spéculative de l’histoire de l’art envisagée sous le prisme du graffiti. Le graffiti non pas comme sujet ou esthétique, mais comme expérience, comme attitude, comme imaginaire, comme pensée souterraine. Une expérience de l’illégalité et des vitres brisées, de l’errance des corps en mouvement, une attirance pour les perspectives sans lumière, un romantisme du vandalisme qui prend autant soin des choses qu’il ne les abîme, une fascination pour les langages visibles ou invisibles qui se confrontent avec la matière précaire du réel, et qui se façonnent avec elle tout en la transformant.
En combinaison et rupture avec le projet Lasco, qui accueillait depuis 10 ans l’art urbain dans les espaces dérobés du Palais de Tokyo, l’exposition provoque un dialogue fragmenté, parfois cryptique, entre une cinquantaine d’artistes plus ou moins reconnu.es, voire pas du tout connu.es. Dans un essai publié en 1962, Manny Farber oppose les artistes termites aux artistes éléphants blancs. Les artistes termites s’expriment dans des pratiques plus difficiles à saisir et à manipuler. « L’art style termite, ver solitaire, mousse ou champignon, a la particularité de progresser en s’attaquant à ses propres contraintes, pour ne laisser d’ordinaire sur son passage que des signes d’activité dévorante, industrieuse et désordonnée. » Pensée structurellement comme une ville invisible, en référence à l’ouvrage d’Italo Calvino publié en 1972, l’exposition se découvre de la même façon que la ville de Tamara dans ce livre, par « des rues hérissées d’enseignes qui sortent des murs », où « l’œil ne voit pas des choses mais des figures de choses qui signifient d’autres choses ».
VOUS LES ENTENDEZ ? - LAURA LAMIEL
Commissaire Yoann Gourmel
Introspective plus que rétrospective, Vous les entendez ? présente, à travers un ensemble de pièces existantes et de nouvelles productions, les différentes facettes de son travail : des peintures aux installations en passant par la photographie, la vidéo et son prolifique travail de dessin. Parcourue de voix invisibles et de silences électriques, elle résonne au niveau jardin du bâtiment sous la forme d’un paysage à arpenter dans une pénombre troublée par la blancheur des sources lumineuses émanant des œuvres elles- mêmes. Dans ses installations jouant d’opacités et transparences et de confrontations entre des contraires, l’acier émaillé, le cuivre, le coton, le verre, l’encre rouge, le tissu, le miroir, le métal s’électrisent alors au contact d’objets accumulés et d’éléments de mobilier.
Conçue comme une installation globale en dialogue avec l’architecture, Vous les entendez ? témoigne de la relation que l’artiste entretient avec l’espace, qu’il s’agisse de celui de l’exposition ou de celui du travail. Ponctué de pièces disséminées dans la totalité du niveau du jardin du Palais de Tokyo, le parcours conduit ainsi en ondes concentriques à découvrir les œuvres par touches chromatiques, à pénétrer dans une instance “d’atelier-cerveau” ou à se laisser guider par le son sur les rives du Gange.
MORPHOLOGIES SOUTERRAINES - MOUNTAINCUTTERS
Commissaire Adélaïde Blanc
Les mountaincutters sont un duo de sculpteur·rices qui, depuis près de dix ans, déploie des installations proliférantes à l’aspect transitoire. Les répétitions de formes, les déplacements d’objets et les variations de matières semblent répondre à une organisation qui nous échappe. Si ces ensembles de sculptures fonctionnent avec leurs logiques propres, ils ne sont pas moins poreux aux lieux qu’ils habitent, et entrent en résonnance avec les qualités des espaces et des matériaux environnants.
Chaque installation, chaque exposition, que les artistes se refusent à inscrire dans une dramaturgie, se lit par bribes, d’une assise en verre impraticable à une structure de soutien du corps, d’une reproduction de vénus préhistorique à des images d’anatomie prélevées dans des manuels datés. De ces haïkus mis en espace s’esquisse une recherche sur l’archéologie des formes et une interrogation sans cesse renouvelée sur la spatialité des corps et de leurs milieux.
Pour leur exposition personnelle au Palais de Tokyo, les mountaincutters déploient des installations en prise avec le bâtiment, ses fragilités et ses températures, tandis que l’accès au centre d’art se voit inversé à l’heure d’été. Des thermomètres, de l’huile et d’autres liquides enregistrent les variations de chaleur aux côtés de sculptures de mains en bronze et de fémur néanderthalien en cuivre se greffant à l’espace et à son réseau d’eau chaude. Unies au lieu, modelées par ses flux, les sculptures enveloppantes convoquent des corps défaillants dont les prothèses, les excroissances et les extensions sont autant de stratégies d’adaptation à des environnements inhospitaliers.
Si l’exposition donne à voir des morphologies souterraines, divergentes, elle engage également les corps des visteur·ses dans une déambulation propice à considérer l’espace d’exposition comme un lieu public normé pour les corps dits valides ou mis en situation d’incapacité.
L’ÊTRE, L’AUTRE ET L’ENTRE - MARIE-CLAIRE MESSOUMA MANLANBIEN
Curatrice Daria de Beauvais
L’œuvre de Marie-Claire Messouma Manlanbien est nourrie par les différentes cultures qui composent son identité. D’origine guadeloupéenne et ivoirienne, l’artiste s’initie aux activités manuelles dans l’enfance, auprès de sa mère et de sa grand-mère. Après avoir vécu en Côte d’Ivoire jusqu’à la guerre civile en 2004, elle revient en France. Plus tard, elle travaille en s’inspirant des traditions culturelles des sociétés matriarcales akan du Ghana et de Côte d’Ivoire ainsi que de sa culture créole. Chacune de ses œuvres combine de façon syncrétique des éléments en provenance de ces différents univers, dont elle explore les symboles en interrogeant les espaces et les expressions de la féminité, autant que le rapport aux traditions artisanales au sein d’une société modernisée par son industrialisation.
Au travers d’installations mêlant textiles et sculptures, faites de « rencontres entre des matériaux industriels comme l’aluminium, le cuivre et le laiton avec des matériaux naturels comme la fibre de rafia, la corde, la sève d’arbre et les coquillages » selon ses mots, l’artiste produit des écosystèmes où les matériaux entrent en relation et cohabitent. Elle élabore ainsi des paysages, des « Maps » [Cartes] dialoguant avec les pratiques de la cartographie, autant que des « vêtures » ainsi qu’elle les appelle et des objets du quotidien. Dans une forme poétique entrelaçant les mots et les matériaux, mêlant le texte et le textile, ses œuvres questionnent les rapports que l’être humain entretient avec son environnement et l’ensemble du vivant.
Le projet pour le Palais de Tokyo propose une série d’œuvres récentes ou inédites, en écho avec un grand rideau de scène conçu par Marie-Claire Messouma Manlanbien pour la salle de spectacle du Beffroi à Montrouge et exceptionnellement délocalisé le temps de l’exposition. Le recours à une pièce déjà existante est un geste récurrent du processus de création de l’artiste, qui fait dialoguer ses œuvres au sein d’un système de déclinaisons où les formes se reprennent, se renouvellent et se multiplient dans une exploration infinie. Ainsi réactivé, l’immense artefact conçu pour le spectacle vivant déploie une scène nouvelle, articulée à l’architecture du centre d’art et œuvrant comme un geste d’accueil pour ses visiteurs. Au cours de performances, le plus souvent solitaires mais parfois collectives, Marie-Claire Messouma Manlanbien propose d’investir le lieu par des lectures de ses poèmes et des rituels. Dans ces moments de partage narratif avec le public, les textiles qu’elle fabrique sont redéployés et les « vêtures » portées pour incarner des personnages. L’espace devient le lieu d’une narration vivante, où l’artiste, contant des poèmes telle une griotte, engage son corps et sa voix.
+ d'infos sur les expositions sur le site du Palais de Tokyo :
— Jusqu'au 07 janvier 2024 :
— Jusqu'au 10 septembre 2023 :
13 Avenue du Président Wilson
75116 Paris
Exclusif membres du Tokyo Art Club et Amis bienfaiteurs